Verdoyant et vallonné, l’arrière-pays tapissé de forêts de chênes et de bois de pins, de vignobles et d’oliveraies, égrène ses hameaux perchés d’une colline à l’autre.
Véritables place-fortes, ils sont cernés de murailles qui leur permettaient de résister aux envahisseurs. Il est vrai que l’Istrie a suscité bien des convoitises. Romains, Byzantins, Vénitiens, Autrichiens, Italiens, autant de conquérants qui ont toujours reconnu à l’Istrie une position stratégique entre l’Europe centrale et la Méditerranée.
Portole, Groznjan, Motovun raviront les amateurs de ruralité et de traditions. Plaisir divin de flâner de ruelles en porches et de chapelles en maisons patriciennes envahies par des buissons de clématites. S’asseoir à l’ombre d’un figuier qui s’accroche entre les pierres des remparts et perdre son regard dans la vallée ombreuse, le long de la route qui voltige au loin, entre le bleu du ciel et les reflets bleutés de la mer.
Ce bijou gastronomique, que d’aucuns comparent à de l’or blanc, abonde au pied des chênes dans les terres humides et ombragées de Buzet, de Motovun et de Livade. Ce ne sont plus les porcs qui déterrent le précieux tubercule mais des chiens dressés à pressentir la truffe en la reniflant. On exhume six tonnes de truffes par saison, dont 90% de blanches, les plus fines mais aussi les plus chères qui soient, jusqu’à 2000 euros le kilo.
Chaque second samedi de septembre, la petite ville célèbre la truffe blanche dans une fête baroque qui fait la nique à la sévérité de la ville enfermée derrière ses remparts. Des baraques surgissent au coin des venelles et dans les porches, proposant du vin de pays : le malvoisie, un blanc au bouquet délicat et le teran, un cru rouge au goût riche et fruité. On y prépare une omelette géante aux truffes avec plus de 2000 oeufs et 10kg de champignons ! Saltimbanques, clowns, conteurs, musiciens se produisent un peu partout jusque tard dans la nuit pour le plus grand plaisir des villageois émerveillés par ces magiciens de l’ombre.
A la proue du vieux continent sur la mer Adriatique, l’Istrie a suscité bien des convoitises au fil des siècles.
Romains, Byzantins, Vénitiens, Autrichiens, Italiens, autant de conquérants qui lui ont toujours reconnu une position stratégique entre l’Europe centrale et la Méditerranée. Mais elle a chaque fois reçu en guise de dot un magnifique trousseau, offert au fil des siècles par Rome, Byzance, Venise et Vienne.
Entre aqueducs et bains publics, portes monumentales et temples soutenus par des colonnes corinthiennes, la cité regorge de vestiges dont le plus impressionnant est l’amphithéâtre, un des plus beaux encore debout avec ses 72 arches ouvertes sur le ciel bleu ou la colossale fragilité d’un géant qui pouvait accueillir près de vingt mille spectateurs avides de combats de gladiateurs.
Au large de Pula s’égrène la douzaine d’îlots de l’archipel des Brijuni aujourd’hui classé parc naturel. On y remonte le temps en flânant au cœur des ruines d’une grande villa romaine envahie par les pins et les cyprès ou encore d’un ancien Kastrum byzantin cerné de murailles blanchies par la luminosité saline. C’était aussi la résidence d’été du maréchal Tito qui aimait à recevoir, dans un volontaire dépaysement, les têtes couronnées et les nouveaux riches éblouis par la beauté naturelle du site.
La côte croate déroule son littoral jalonné de plages couvertes de pins parasol et de petits ports pittoresques qui rappellent l’Italie. C’est que Venise est à portée de rames et elle a marqué de son empreinte ce territoire qui lui a donné le vin, l’huile d’olive et surtout les chênes dont elle avait besoin pour consolider sa ville bâtie sur des pieux.
Posé sur une presqu’île, le port de Rovinj tourne vers la mer ses jolies façades aux teintes chaudes. Hautes et étroites, les maisons s’appuient les unes sur les autres dessinant un dédale de venelles qui s’entortillent entre des passages voûtés, se recoupent et s’enlacent sous le regard figé de lions ailés. 2000 ans de patine ont érodé les gros pavés ronds qui mènent vers le sommet de la colline, là où se dresse une cathédrale dont l’élégant clocher semble sorti tout droit de la Cité des Doges. Là-haut, la vue se dégage vers un horizon bleuté qui rappelle que la mer est omniprésente avec son clapotis au pied d’un escalier et avec sa jetée installée au fond d’une anse.
Parcourir la petite cité d’un quartier à l’autre, c’est un peu comme tourner les pages d’un livre d’histoire. Deux rues tracées par les Romains et encore pavées de marbre érodé traversent la ville de part en part. Longées de maisons romanes, de demeures gothiques et de palais baroques, elles racontent un Moyen-Âge cossu et commerçant. Des places aux arcades très italiennes, des tours vénitiennes, un forum romain, autant de souvenirs d’un passé animé. Sans oublier la basilique Euphrasienne, un magnifique témoignage de l’art byzantin dont les mosaïques réalisées sur fond d’or sont un chef d’œuvre de finesse.